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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 04:12

 

Ségolène Royal était l'invitée de Elysée 2012 sur I Télé

 


Ségolène Royal faisait son « retour cathodique » sur i>TELE hier, comme l’affichait la chaîne. Elle était l’invitée de l’émission Elysée 2012 à 21h15, animée par Léa Salamé et Michel Dumoret.Très en forme, mordante, elle a rappelé certaines réalités aux deux animateurs, parfois un peu trop éloignés des préoccupations des Français, notamment quand ils on diffusé un petit clip avec les candidats et candidats potentiels à la candidature du PS, sur fond de petites phrases et de« On ira tous au paradis » de Michel Polnareff : « qu’une fois de plus la politique est un peu tournée en dérision »« d’un côté on voit effectivement cette mise en scène un peu légère, et de l’autre, on voit la souffrance des gens, on voit tout ce qui ne va pas, on voit l’exaspération, on voit la colère, on voit des gens qui restent sur le carreau »

Cependant, de nombreux thèmes de fond on pu être abordés, ainsi que certains thèmes d’actualité ou parmi les idées et valeurs de la candidate aux primaires. Dans la première moitié de l’émission retranscrite ici, ont notamment été abordés les thèmes suivants :-Ségolène Royal n’a pas renoncé – « Certainement pas ! » – et a expliqué son silence :« lorsqu’on se prépare à une campagne présidentielle, je pense qu’il faut maîtriser son temps, son tempo »,

-commentaire sur une petite phrase de Nicolas Sarkozy, et proposition de Ségolène Royal : un décret pour bloquer la hausse de l’essence,

-la candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle de 2012, « une candidature intéressante »,

-la social-écologie et la Région Poitou-Charentes,

-la politique tournée en dérision, avec « une mise en scène un peu légère » d'un côté, « la souffrance des gens » de l'autre,

-et la primaire socialiste, « un formidable moment démocratique ».

Un terme nouveau à retenir dans le vocabulaire de Ségolène Royal : la densification de la vie politique.

Le premier thème de la seconde partie portera sur le programme/ le projet du Parti socialiste.

Pour conclure la première partie, Ségolène Royal a eu ces mots très forts sur les primaires organisées par le Parti socialiste :

« Je pense que s’il y a déjà 1 million d’électeurs qui se déplacent, ce sera déjà un très beau succès, mais le chiffre que vous évoquez [30% des Français, NdlR] permettra beaucoup plus. 1 million de Français, 1 million de citoyen, je crois que ce serait déjà un moment démocratique extrêmement fort.

Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les Français aussi ont le sentiment aujourd’hui de n’être associés à rien. Alors quand une organisation politique, la première force d’opposition, leur propose de venir choisir leur avenir à travers une personnalité politique, je crois que ça les intéresse. C’est la soif de démocratie, c’est très encourageant.              

Léa Salamé : elle a choisi i>TELE pour faire sa rentrée médias, Ségolène Royal est notre invitée. Bonsoir, merci d’être avec nous ce soir dans Elysée 2012, bonsoir à Michel Dumoret.

Michel Dumoret : bonsoir Léa Salamé, bonsoir à vous Ségolène Royal.

Ségolène Royal : bonsoir.

Ségolène Royal n’a pas renoncé

Michel Dumoret : on vous avait presque portée disparue, en tout cas disparue des écrans de télé, des ondes radio, un silence qui parfois était interprété comme un renoncement de votre part. Est-ce que vous pouvez nous dire, ce soir, si vous avez renoncé ?

Ségolène Royal : certainement pas ! Et d’ailleurs si j’ai fait ce choix en effet de prendre un peu de distance par rapport à la pression médiatique, c’est au moins pour deux raisons. La première, c’est que je me rends compte dans ce tour de France que j’ai entamé, y compris pendant la campagne des élections cantonales, qu’il y a un fossé de plus en plus grand, vous le sentez d’ailleurs sans doute vous-même aussi, entre l’image caricaturale qui est donnée de la politique, notamment dans les conflits de personnes, dans les petites phrases y compris, pardon de le dire, mais dans les émissions humoristiques, je ne vais pas me faire que des amis…

Léa Salamé : surtout qu’on a un extrait du zapping

 

A12

 

Ségolène Royal : … oui… qui dévoie ou qui détruisent la politique, c’est comme cela. C’est comme ça, il faut en prendre acte, mais en même temps il ne faut pas se laisser ballotter par ce système médiatique qui dévore, qui jette aussi vite qu’il a encensé, et lorsqu’on se prépare à une campagne présidentielle, je pense qu’il faut maîtriser son temps, son tempo, il faut avoir la capacité de réfléchir, à l’écoute des Français, sur les raisons pour lesquelles on va s’engager, pour que la parole qui sera prise à ce moment-là puisse être claire sur les raisons pour lesquelles on s’engage, puisse être dense, et surtout puisse permettre de changer d’époque dans le domaine de l’action politique.

Pourquoi changer d’époque ? Parce que je crois, et on le sait, on le voit, on le sent, on me le dit tous les jours, les Français sont fatigués par les effets d’annonce, ils sont angoissés par le creusement des inégalités, insupportables, ils sentent que l’insécurité est généralisée, et les catégories populaires et les catégories moyennes disent très clairement, et ont le sentiment, et d’ailleurs c’est une réalité, que la mondialisation se fait sur leur dos. Et moi je pense que la politique a encore une marge de manœuvre, et c’est la raison pour laquelle je prends des moments de réflexion et de densification de la parole politique.

Léa Salamé : ce que vous demandais également Michel, c’est : rassurez nous, vous êtes toujours candidate pour les primaires ? Vous n’avez pas changé d’avis pendant cette période de réflexion ?

Ségolène Royal : écoutez, moi je n’abandonne jamais les combats dans lesquels je m’engage, je n’abandonne jamais. Je suis persévérante. Pourquoi ? Parce que je m’engage au nom d’une vérité, au nom de convictions, au nom d’un certain nombre de valeurs et non de solutions que les Français attendent.

Une petite phrase de Nicolas Sarkozy …

Léa Salamé : alors Nicolas Sarkozy a invité les députés de la majorité aujourd’hui à déjeuner pour les rasséréner, pour dédramatiser les mauvais sondages, et il leur a dit une phrase, qui a été sortie dans la presse, on va la voir, elle est écrite : « Moi, la situation, je la sens bien pour 2012. ». Est-ce que vous aussi, Ségolène Royal, vous la sentez bien, la situation pour 2012 ?

 

A13

 

Ségolène Royal : je ne crois pas que la politique puisse se réduire, une fois de plus, à ce genre de petite phrase. Vous savez, le rendez-vous de l’élection présidentielle, c’est le rendez-vous majeur de la démocratie et de la République française.

Michel Dumoret : vous la qualifiez comment cette phrase, d’ailleurs, du chef de l’Etat ?

Ségolène Royal : oh, je crois qu’elle est un peu anecdotique. J’aurais bien voulu qu’il se… je l’aurais volontiers invité hier soir avec moi sur le terrain, à Nanterre, où je rencontrais, sans médias d’ailleurs…

Michel Dumoret : et sans caméra, absolument.

Ségolène Royal : sans caméra, une association qui aide les élèves à la réussite scolaire, donc qui est en partenariat avec l’école, et qui s’appelle l’association Zy’Va, et qui regroupe une cinquantaine de bénévoles, enseignants, anciens chefs d’entreprise, cadres, enseignants à la retraite, qui prennent les enfants à la sortie de l’école, et qui…

Michel Dumoret, lui coupant la parole : pourquoi vous l’auriez invité avec vous ?

Ségolène Royal : parce qu’il aurait entendu cette enseignante qui m’a dit ceci, parce qu’elle s’était faite agresser par un enfant de 10 ans, et qui m’a dit : « La violence progresse à l’école comme une carie dans une dent. »Et moi je considère que cette dégradation du service public de l’école est insupportable, parce que l’école est au cœur de la lutte contre les inégalités, l’école est au cœur du pacte républicain, la République doit à tous ses enfants une égalité dans la réussite scolaire, et la première des égalités, c’est de pouvoir aller à l’école sans avoir la peur au ventre. Et l’une de mes premières priorités, ce sera d’éradiquer la violence de l’école pour que les enfants commencent la journée en ayant envie de travailler : c’est dire, si pour Nicolas Sarkozy ça va bien, pour les Français ça ne va pas bien, et ça fait 4 ans que ça dure, et il est vraiment temps que cela change.

Michel Dumoret : quand il dit qu’il la sent bien, ça veut dire qu’il pense qu’il va la gagner, est-ce que vous croyez qu’il peut encore gagner cette élection ?

…et la proposition de Ségolène Royal :

un décret pour bloquer la hausse de l’essence

Ségolène Royal : écoutez, moi je crois que cette façon-là de faire de la politique, je le dis à l’instant, n’est pas sérieuse. Ce qu’on lui demande, là, il est président de la République, il a encore un an pour agir, il a encore un an pour améliorer ce qu’il peut améliorer pour les Français.

Il a le pouvoir encore pendant un an, et quasiment tous les pouvoirs, alors la France va mal, nous subissons une crise terrible de la flambée du prix de l’énergieJ’ai une proposition à lui faire. S’il veut que la France aille mieux, voilà une décision très simple : il peut demander à son Premier ministre de prendre un décret bloquant la hausse du prix de l’essence.

Le gouvernement a dit que ça n’était pas possible, ce n’est pas vrai, j’ai vérifié avant de venir vous voir, bien évidemment, et cette décision, elle a été prise par le Premier ministre en 1990, c’est dans le Code du Commerce, et pour protéger contre toutes les formes d’abus, d’explosion des prix, et notamment du prix de l’énergie, vous avez vu que le patron de Total, de façon scandaleuse, vient d’annoncer que le prix du litre de l’essence allait atteindre les deux euros [Ségolène Royal et les deux animateurs en chœur, synchrones] [Michel Dumoret ajoute : « Absolument, on va y revenir. »]mais c’est scandaleux, je le vois dans ma région, qui est une région …

Léa Salamé : Nicolas Sarkozy aussi a dit que c’était indécent, il a réagit aux propos de Christophe de Margerie, il a dit que c’était indécent.

Ségolène Royal : alors qu’il agisse, qu’il agisse. Je vais vous dire une chose : quand on a la chance d’avoir la responsabilité politique, de détenir le pouvoir suprême, alors on utilise ses pouvoirs, non pas dans un obsession de la réélection, d’ailleurs c’est assez malsain cette obsession de la réélection, parce qu’on fait, en effet, un peu n’importe quoi, et on dit un peu n’importe quoi. Donc quand on a la chance d’avoir cette responsabilité, alors on prend des décisions, et voici un exemple très concret d’une décision que Nicolas Sarkozy peut commander à son gouvernement pour protéger les Français contre cette forme d’insécurité qui est la flambée des prix et qui panique, qui panique de nombreuses familles en France.

La candidautre de Nicolas Hulot à la présidentielle de 2012 :

"une candidature intéressante"

Michel Dumoret : on va y revenir, Ségolène Royal, mais il y avait une autre actualité, Léa, aujourd’hui aussi, qui était extrêmement politique.

Léa Salamé : il y en a un autre qui fait de la politique différemment, c’est un animateur de télé, vous voyez de qui on parle ?

Ségolène Royal : oui, la candidature de Nicolas Hulot.

Léa Salamé : voilà, on va l’écouter.

Michel Dumoret : absolument, déclarée aujourd’hui en région parisienne, on va l’écouter, et vous nous direz ce que vous pensez de cette candidature, peut-elle être dangereuse pour la gauche, ou est-elle un chance pour la France ? Nicolas Hulot.

 

A299

 

Léa Salamé : alors Nicolas Hulot, vous le connaissez bien…

Ségolène Royal : oui.

Léa Salamé : … vous avez tenté de le séduire de la même manière…

Ségolène Royal, en riant, surprise : le séduire ! N’allons pas jusque là !

Léa Salamé : non, de la même manière que Nicolas Sarkozy pour, en 2007…

Ségolène Royal : le Pacte écologique.

Léa Salamé : oui, tout à fait.

Ségolène Royal : j’ai signé le Pacte écologique, oui.

Léa Salamé : est-ce que sa candidature, vous y croyez ?

Ségolène Royal : j’ai signé le Pacte écologique sauf sur un point : sur la taxe carbone. Et je suis très contente d’avoir résisté à la taxe carbone parce que je crois que c’est grâce à moi, parce qu’à un moment j’ai élevé la voix contre un consensus politique, une espèce de rapport de force politique.

Moi je considère que l’écologie ne doit pas être punitive, et qu’en tout état de cause, elle doit toujours avoir une dimension égalitaire, une dimension sociale, et vous voyez, on parlait du prix de l’essence tout à l’heure, heureusement que nous n’avons pas eu la taxe carbone, que Nicolas Hulot voulait, parce que le prix de l’essence aurait été encore plus élevé, et je considère que l’écologie doit permettre le libre choix, doit orienter les consommations, à partir du moment où on n’a pas la voiture électrique, il est impossible d’imposer aux gens des taxes nouvelles, parce qu’ils n’ont pas le choix de rouler propre.

 

A32

 

Léa Salamé, l’interrompant : la candidature de Nicolas Hulot, Ségolène Royal, qu’est-ce que vous en pensez ?

Ségolène Royal : je pense que c’est une candidature intéressante au sens où la compétition avec Nicolas Hulot est une compétition intéressante.

Pourquoi ? Parce que je considère que le levier de la croissance verte, que d’ailleurs j’ai mis en place dans ma région, depuis 6 ans, région qui a été reconnue au plan européen comme une région des plus en avance sur le plan des énergies renouvelables, notamment avec le plan photovoltaïque, avec la voiture électrique, puisque je suis rentrée au capital d’Heuliez, vous savez, pour produire la voiture électrique, la Mia électrique, qui sort en juin, la mutation écologique de l’industrie de la région, la création du pôle de l’écologie industrielle, qui tient un Salon de la Croissance Verte au mois de septembre prochain, et qui rassemble aujourd’hui 600 entreprises et laboratoires de recherche, et qui démontre que tous les jours, grâce à cette croissance verte, il y a en effet des marges de manœuvre que nous pouvons retrouver pour relancer la croissance, l’activité des petites et moyennes entreprises, l’innovation, et la création des métiers nouveaux. Donc…

Michel Dumoret, lui coupant la parole : « candidature intéressante », dites-vous « de Nicolas Hulot », qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ? Ça veut dire que vous pourriez, par exemple, le rencontrer dans les prochains jours, ou lui proposer un nouveau pacte ?

Ségolène Royal : alors ça veut dire deux choses. Ça veut dire que les socialistes ont vocation à rassembler, à se rassembler avec les écologistes, au moins au deuxième tour de l’élection présidentielle. Ça veut dire aussi que l’élaboration d’un projet alternatif  à ce que nous subissons aujourd’hui dans le cadre de la crise économique et financière, il y a en effet des voies de convergence très intéressantes avec les écologistes, et que enfin…

La social-écologie et la Région Poitou-Charentes

Léa Salamé : quand vous dites « les écologistes », c’est Europe Ecologie-Les Verts ? Parce qu’on ne sait pas très bien s’il va rouler avec eux ou pas, Nicolas Hulot.

 

A35

 

Ségolène Royal : on ne sait pas, c’est c’est à eux de régler leurs problèmes internes. Ce que je veux dire par là, c’est que la dimension, ce que j’appelle moi la social-écologie, qui permet de trouver de nouveaux leviers de développement économique, de réduction des inégalités, et de création d’activités et d’emplois nouveaux, notamment pour les jeunes, avec tous les nouveaux métiers, permet à la fois de progresser sur le plan de la lutte contre le réchauffement planétaire, c’est un élément majeur pour la protection de la paix dans le monde, puisque l’on sait que les prochains conflits sur la planète auront lieu à cause des déplacements massifs de population dus au réchauffement planétaire, donc ça c’est une véritable inquiétude, ça veut dire que les pays riches doivent remettre en cause leur mode de développement et leur gaspillage d’énergie, et que deuxièmement, à l’intérieur du pays France, l’écologie est un outil essentiel de réduction des inégalités.

Pourquoi ? Par exemple, donnons un exemple concret, la région que je préside, j’ai lancé une action auprès des petits retraités, donc qui sont très frappés directement par la hausse du prix de l’énergie, qui n’arrivent plus à se chauffer, et donc nous allons isoler gratuitement les combles, isoler les logements des petits retraités pour leur permettre de récupérer une partie de leur pouvoir d’achat. Donc vous voyez que dans l’énergie solaire gratuite ou dans l’énergie éolienne, ou dans les filières bois, ou dans la géothermie, c’est vrai en France, c’est vrai dans les pays les plus pauvres, il y a là des filières de développement économique, économes en énergie, qui vont redonner du pouvoir d’achat aux gens, s’il y a vraiment une volonté politique pour accompagner cette mutation écologique.

Michel Dumoret : bon, en tout cas la question : « Est-ce que vous êtes candidate ? » ; vous êtes en campagne, on l’a bien compris…

Ségolène Royal, l’interrompant : « en campagne », le mot est parfois (riant) presque péjoratif, « en campagne » !

Michel Dumoret : pourquoi ?

 

A49

 

Ségolène Royal : non, il y aura un calendrier, une campagne qui aura lieu cet automne, moi je n’ai jamais cessé, de toute façon, d’être tournée vers les Français, de me déplacer, de faire de ma région un laboratoire qui montre que d’autres solutions existent, qu’il y a des raisons d’espérer, qu’il y a des raisons d’avancer, qu’il y a des marges de manœuvre, et puis bien évidemment, la rencontre avec les experts, les Universités Populaires, et donc tout cela fait en effet un cheminement politique, qui permet d’acquérir une densité, et de savoir le moment venu, donc au mois de juin prochain, au nom de quoi je parle et pour quelle vérité je m’engage.

Léa Salamé : alors justement, Ségolène Royal, vous parliez de cette campagne qui va commencer cet automne, est-ce que l’automne sera meurtrier rue de Solférino, en tout cas, la valse des prétendants a commencé, on va le voir.

Michel Dumoret : en clip, en images, avec une chanson qui va vous parler.

Léa Salamé : et vous réagissez.

-oOo-

Michel Dumoret : quand vous regardez ce clip, Ségolène Royal, est-ce que vous vous dites : « Il y a un peu trop de candidats aujourd’hui au PS. » ?

La politique tournée en dérision, "une mise en scène un peu légère"

d'un côté, et "la souffrance des gens" de l'autre

Ségolène Royal : je dis d’abord qu’une fois de plus la politique est un peu tournée en dérision. Donc nous devons, c’est très difficile vous savez, un engagement…

Michel Dumoret : là vous trouvez que c’est de la dérision, là ce qu’on vient de vous montrer ?

Ségolène Royal : oui, c’était un peu de la dérision.

Michel Dumoret : pourquoi ?

Ségolène Royal : eh bien parce que c’est la chanson, parce que…

Michel Dumoret : c’est un clin d’œil.

 

A58

 

Ségolène Royal : … c’est une compétition de personnes. Oui c’est un petit clin d’œil, mais bon, c’est votre liberté aussi, journalistique, mais nous devons aussi faire avec ça, c’est-à-dire d’un côté on voit effectivement cette mise en scène un peu légère, et de l’autre, on voit la souffrance des gens, on voit tout ce qui ne va pas, on voit l’exaspération, on voit la colère, on voit des gens qui restent sur le carreau, on voit une mondialisation qui délocalise des entreprises, on voit des gens sans gêne comme le patron de Total qui met l’essence à 2 euros et son entreprise ne paye aucun impôt sur le territoire français, on voit les banques qui se livrent toujours à leurs abus, on voit les petites et moyennes entreprises qui n’arrivent pas à avoir des prêts, on voit tout cela !

Michel Dumoret : enfin, Ségolène Royal, la course des éléphants du Parti socialiste, ceux qu’on appelle les éléphants du Parti socialiste, ce ne sont pas les journalistes, ce n’est pas l’invention des journalistes, c’est bien la réalité aujourd’hui du parti ?

La primaire socialiste, "un formidable moment démocratique"

Ségolène Royal : mais est-ce que vous voulez un débat démocratique, (silence sur le plateau)avec différents candidats, ou est-ce que vous voulez autre chose ? C’est une force extraordinaire qu’un mouvement politique puisse faire émerger plusieurs personnalités présidentiables. Et c’est un choix extraordinaire de la part des militants socialistes d’avoir décidé que tous les Français qui le souhaitaient allaient venir choisir le candidat ou la candidate qui allait représenter la gauche à l’élection présidentielle. C’est une révolution, c’est une révolution !

Donc moi ce que je pense, c’est qu’on ne doit pas tourner ce formidable moment démocratique en dérision. Mais c’est peut-être aussi la nôtre,  notre responsabilité à nous de prendre la parole toujours sur des questions de fond, de laisser entrevoir, et même plus que cela, les solutions qui sont possibles pour sortir la France de l’ornière dans laquelle elle est aujourd’hui, sauf pour une minorité de privilégiés qui, eux, s’en sortent toujours plus, mais la grande majorité des Français, catégories populaires et catégories moyennes, aujourd’hui, ont peur du lendemain, ont peur pour leurs enfants, sentent que même l’école se délite, n’ont plus accès à la santé comme avant, voient même les droits à la retraite remis en cause alors que plus d’un salarié de plus de 50 ans sur deux est au chômage. Les Français voient tout cela, ils se demandent où est passé le modèle social français, l’Etat-providence…

Michel Dumoret, interrompant Ségolène Royal : excusez-moi, mais qui va incarner cette alternative ?

Ségolène Royal : et voilà, la compétition viendra, elle sera loyale, elle sera intelligente, cette compétition, parce que nous sommes conscients de notre responsabilité. Et en tout cas la garantie que nous donnons aux Français, pour qu’ils viennent voter très nombreux à l’élection présidentielle

Léa Salamé, l’interrompant : est-ce que vous savez combien il y a de Français qui comptent voter aux primaires socialistes ?

Ségolène Royal : je crois que la qualité du débat que nous aurons entre nous déterminera très directement le nombre de Français qui viendront.

 

A62

 

Léa Salamé : on a un premier sondage, on a un premier sondage, qui va sortir demain dans Le Nouvel Observateur, 30% des Français ont l’intention de participer à cette primaire socialiste, on va vous demander de réagir, et puis il y a les intentions de vote, bon, évidemment, la campagne n’a pas commencé, mais on les regarde quand même : 32% pour Dominique Strauss-Kahn, 15% pour Martine Aubry, 14% pour François Hollande, 11% pour vous, et 2% pour Arnaud Montebourg.

 

A63

 

À savoir, et c’est également présent dans ce sondage, que chez les jeunes, vous arrivez devant Dominique Strauss-Kahn, chez les jeunes, à égalité avec Martine Aubry à 28% des intentions de vote chez les moins de 25 ans, et ça on l’avait déjà vu la semaine dernière dans le sondage qui concernait Marine Le Pen. On voit que chez les jeunes, vous mobilisez énormément à gauche. 30% des Français qui comptent intervenir aux primaires, vous trouvez que c’est un bon chiffre, vous espériez plus, moins ?

Ségolène Royal : c’est formidable. Si ça se transforme en déplacements réels pour le vote pour les primaires, c’est extraordinaire, ça veut dire que, ça veut dire la responsabilité qui est la nôtre pour que ces primaires permettent déjà au cours des primaires d’entrevoir la façon dont la France va repartir sur un bon chemin.

Michel Dumoret : pour qu’elles réussissent ces primaires, Ségolène Royal, c’est combien, c’est 800 000 Français qui viennent voter ? C’est 200 000 Français ? C’est quoi le chiffre à atteindre pour vous, pour que cette mayonnaise prenne ?

 

A67 a

 

Ségolène Royal : je pense que s’il y a déjà 1 million d’électeurs qui se déplacent, ce sera déjà un très beau succès, mais le chiffre que vous évoquez permettra beaucoup plus. 1 million de Français,1 million de citoyen, je crois que ce serait déjà un moment démocratique extrêmement fort. Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les Français aussi ont le sentiment aujourd’hui de n’être associés à rien. Alors quand une organisation politique, la première force d’opposition, leur propose de venir choisir leur avenir à travers une personnalité politique, je crois que ça les intéresse. C’est la soif de démocratie, c’est très encourageant.


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