Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 05:58
Municipales : la drôle de soirée d’Anne Hidalgo, entre rires et larmes
24/03/2014 | 00h14
Anne Hidalgo parle après les résultats du premier tour des municipales, le 23 mars 2014 (Reuters/Joël Saget)

Drôle d’ambiance au QG de la candidate socialiste Anne Hidalgo, où les mauvaises nouvelles se sont multipliées malgré des premières prévisions optimistes. Si le PS compte néanmoins assez d’arrondissements pour s’assurer un nombre suffisant de conseillers pour élire sa maire, le triomphe est loin d’être de mise.

Chez Hidalgo, le sourire est crispé. Les résultats viennent de tomber : NKM est en tête au premier tour. Fébrile, l’équipe de la candidate socialiste sillonne le local de campagne. On se dit victorieux la bouche tordue, répétant à outrance que NKM ne pourra pas aller plus loin. “Que NKM soit en tête dans le XVIe arrondissement, ça ne va pas changer l’élection”, se moque la députée socialiste Sandrine Mazetier.

La soirée avait pourtant bien commencé. Les premières estimations donnaient Anne Hidalgo gagnante avec 38% des voix face à sa rivale de droite, créditée de 35 à 36%. Face à la nuée de journalistes, le conseiller de Paris Jean-Louis Missika ne peut réprimer un petit sourire. Il a mieux : NKM serait battue dans le XIVe avec 32,2% des voix face à la quasi-inconnue Carine Petit dotée de 39,4% des voix. Et dans le XIIe, autre arrondissement nécessaire pour que l’UMP prenne la mairie de Paris, c’est la liste PS qui l’emporte avec 37,2% des voix contre 33,1% pour l’UMP.

“Robuste et fluide”

“Anne se sent bien, affirme Missika. Mais la défaite nationale de la gauche l’affecte.” On joue la victoire modeste, et on affiche sa solidarité. Il faut dire que le premier tour est catastrophique pour le PS, grignotté par le FN et l’UMP. Alors Paris, dernier phare d’un socialisme triomphant ? Les personnalités défilent dans la salle de presse pour louer une campagne“sérieuse”.

“On a bâti un rassemblement de la gauche robuste et fluide, qui a accroché les Parisiens”, assure Marie-Pierre de La Gontrie, conseillère régionale d’Ile-de-France.

Retranchée dans son bureau, notamment avec son mari et sa sœur venue spécialement de Los Angeles, Anne Hidalgo jubilerait presque. Alors qu’on ne l’a pas encore vue de la soirée, elle fait une courte intervention sur TF1 remerciant les Parisiens d’être allé voter et appelant“celles et ceux qui veulent construire une dynamique de progrès” à rejoindre le PS. Une réunion est déjà prévue à minuit à la Fédération socialiste de Paris avec Europe Ecologie-Les Verts.

NKM en tête

Mais bientôt, ce sont d’autres résultats qui tombent. Si NKM est toujours donnée perdante dans le XIVe, un sondage Ipsos/Steria la donne victorieuse à Paris avec 35,2% des voix, Anne Hidalgo n’étant créditée que de 34% des votes. Tension. Les conseillers se réunissent. Une autre mauvaise nouvelle : dans le XVe où elle se présente, Anne Hidalgo n’engrange que 29% des voix face au maire sortant de droite Philippe Goujon qui la bat avec 48,9% des voix. C’est une claque. Petit à petit, l’équipe d’Hidalgo revient sur le pont.

“On a gagné la majorité des arrondissements, on est devant, assure Jean-François Martins, conseiller de Paris. Elle a atteint son plafond électoral : avec le centre, elle n’arrive à rassembler que 34% des voix. Pire : elle se fait battre par une inconnue dans le XIVe ! NKM a perdu son triple pari : elle avait besoin du XIVe, elle ne l’a pas eu ; elle comptait sur la démobilisation des électeurs mais les Parisiens se sont déplacés ; et elle comptait sur un rassemblement de la droite pour atteindre 40% des voix. Ça ne peut pas marcher.”

Mauvais diagnostic

Il est plus de 22h, Anne Hidalgo ne s’est toujours pas exprimée depuis son faux départ sur TF1. NKM, elle, a déjà appelé à “l’insurrection démocratique”. L’air radieux – pour ne pas dire halluciné – de la madone est accueilli froidement boulevard Henri IV. On apprend que la gauche devrait remporter le Ve, bastion historique de la famille Tibéri, avec 38% des voix. Mais le PS perd pied dans le IVe et le VIe où la liste de l’UMP Jean-Pierre Lecoq l’emporte dès le premier tour. Plus dangereux : les socialistes sont mis en difficulté par l’UMP dans le IXe où l’écart de voix est très serré (39,4% pour l’UMP et 39,2% pour le PS).

22h30. Toujours pas de signe d’Hidalgo. “Elle ne veut pas parler pour ne rien dire”, justifie son équipe de presse. 22h45. Une vingtaine de militants brandissent des pancartes colorées. Enfin la voilà. Elle est tendue, ses yeux brillent. Le discours dure trois minutes montre en main. Elle remercie les Parisiens de s’être déplacés, se réjouit que “les équipes du progrès”soient en tête dans la majorité des arrondissements – en particulier le XIVe et le XIIe. Sur le XVe, pas un mot. “L’élection se joue sur deux tours,rappelle Anne Hidalgo. J’appelle au rassemblement de ceux qui veulent défendre les valeurs humanistes de la République !” Et l’Andalouse de mentionner à trois reprises EE-LV. Quid du Parti de gauche ? Ce sera à lui de venir vers le PS. Les militants scandent “Rassemblement, rassemblement !” Bim, c’est plié. On ne reverra pas Hidalgo.

Les résultats continuent de tomber. L’UMP Brigitte Kuster remporte le XVIIe arrondissement au premier tour. Pareil dans le Ier et le XVIe. Certes, les socialistes sont quasi assurés de remporter la mairie de Paris : d’abord grâce au report de voix à gauche, mais surtout grâce à la victoire dans les gros arrondissements leur assurant assez de conseillers pour élire Hidalgo. Mais à voir les couacs de communication et les ballotages dans des arrondissement d’ordinaire voués à la gauche, ils sont loin d’être tranquilles. Pour le PS, l’entre deux-tours ne s’annonce pas de tout repos.

le 24 mars 2014 à 00h14
Partager cet article
Repost0

commentaires